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Midnight Ravers : l'échappée africaine



Batteur du groupe de dub lyonnais High Tone, Dominique Peter sort le 2 octobre son premier album solo, « Le Triomphe du Chaos ». Enregistré à Bamako avec des musiciens maliens, il s'intègre à un projet artistique baptisé « Midnight Ravers » qui comprend aussi un carnet de dessins réalisés par Emmanuel Prost. Un voyage visuel et sonore dans un monde envoûtant, entre tradition et modernité.


Le Triomphe du Chaos : la critique Voilà un projet comme on aimerait en écouter et en contempler plus souvent. En alliant musique et dessins, « Midnight Ravers » offre une double porte d’entrée sur l’Afrique. L’album comporte huit titres. Des morceaux purement instrumentaux comme « Same Pollution », très aérien, « Smoky Place » ou « Ride on », où les sonorités très cristallines de la kora de Manou Diabaté épousent des sons électros, plus urbains. D’autres titres offrent une large place à la voix : On se laisse emporter par le mélancolique « Don’t let me down » où Fatima Kouyaté, la jeune choriste de Rokia Traoré, parle des amis que l'on quitte ou encore par « Musical Stampede », vrai coup de cœur avec Cheik Sirima au chant qui appelle le peuple malien à la réunification.

Audio file

Chaque fois, l’émotion est au rendez-vous ; elle naît de cette ambiance si particulière, pleine de mystères, créée par ces nappes de sons électros qui font écho aux instruments traditionnels. Fabriqués, triturés, ces sons parfois très urbains ne dénaturent jamais la pureté d’une kora, d’une flûte, ou du n'goni (instrument à cordes pincées).


C’est un voyage, souvent planant, vers l’Afrique, vers l’univers de Dominique Peter mais aussi vers soi-même. Car il y a une âme dans cet album, des histoires qui se racontent parfois sans paroles ou en dessins. C’est là qu’il faut saluer le talent d’Emmanuel Prost. Le dessinateur (qui a notamment collaboré à l’excellente série graphique « Les autres gens ») a su capter l’attente des longues sessions studio, la concentration des musiciens mais aussi la chaleur des rues de Bamako, ses couleurs, sa frénésie ou sa douceur. Mieux qu’une photo, ses traits à la fois imparfaits et très maîtrisés, ses scènes ébauchées nous font partager l’aventure malienne de ces deux lyonnais.

Midnight Ravers : l'interview de Domnique Peter Culturebox : Qu’est ce qui vous a poussé à bâtir ce projet au Mali avec des musiciens locaux ?

Dominique Peter : Je suis fan de reggae et de dub (le dub étant un style de reggae entièrement basé sur des effets électroniques) depuis quinze ans et chez High Tone, nous sommes des amoureux des musiques traditionnelles. Il y avait donc une filiation naturelle. Mais ça vient aussi de choses très personnelles. A cette époque, j’ai perdu plusieurs proches. La musique malienne, et notamment le blues mandingue, m’ont touché et permis de traverser ces moments difficiles.

J’ai eu envie d’exprimer des choses, autrement, et aussi d’être là où on ne m’attendait pas. La musique d’High Tone est assez « froide » et davantage tournée vers le sampling. Là, j’avais envie de retourner vers des gens qui jouent vraiment.

J’ai aussi la chance de connaître Manjul, un artiste de reggae et de dub qui vit depuis une dizaine d’années au Mali. Il est devenu producteur et a créé un studio. Grâce à lui j’ai pu rencontrer des musiciens exceptionnels car il est devenu quasi incontournable là-bas.

Pourquoi avoir associé le dessinateur Emmanuel Prost à ce projet ?

En fait, j’avais vraiment envie de faire quelque chose de nouveau. J’adore le dessin et je trouve qu’on est saturé d’images photos ou vidéos…J’avais envie de retrouver quelque chose de « primitif » et les dessins d’Emmanuel ont ça. Il sait capter les ambiances, les moments forts et il est très rapide ! Avant de partir là-bas, vous aviez une idée très précise de ce que vous vouliez faire avec les musiciens maliens?

Non, je voulais prendre les choses comme elles venaient. C’était un pari et je n’avais aucune certitude sur la finalité. C’est au retour du voyage (qui a duré trois semaines) qu’on s’est rendu compte avec Emmanuel de toute la richesse de ce qu’on avait récolté, lui en dessins, moi en sons.

J’avais déjà 8 ébauches de morceaux, des choses simples, sans superflu pour que les artistes puissent proposer le plus de choses possibles. Une fois sur place, je les ai faits écouter aux musiciens maliens. Et là, j’étais scié parce qu’ils ont enclenché tout de suite. Chez eux, il y a une vraie curiosité et une générosité. On a travaillé avec des pointures mais surtout fait de très belles rencontres. On jouait la journée et le soir, on allait dans les bars de Bamako pour voir les musiciens en concert. C’est pour ça qu’on a appelé le projet « Midgnigt Ravers » (ravers signifie "noceurs", ndlr).

Après cette aventure collective, vous êtes rentré à Paris, pour travailler seul en studio avec tout ce « matériel ». Comment avez-vous procédez ?

Ca été dur parce qu’il fallait faire des choix ! J’avais beaucoup de choses à écouter, à trier, trouver un rythme, isolé un refrain et la qualité était exceptionnelle. Le dérushage a duré deux mois et j’ai passé l’été 2012 à mixer….Il a fallu resculpter les morceaux, trouver les bons arrangements. A des moments, je ne pouvais plus triturer les morceaux, c’était trop beau. C’est pour ça que j’ai laissé de longues plages de kora.

Au final, que vous a apporté ce projet ?

J’ai ouvert une porte et je n’imaginais pas toute la richesse qu’il y avait derrière. La surprise, c’est la place que ce projet a pris dans ma vie. Je pense que j’avais besoin d’aller au bout de cette aventure, de ce projet fou qui est devenu une recherche sur moi, sur mes émotions, sur la vie, la mort, l’amour, l’amitié. Ca m’a nourri personnellement. Dominique Peter enregistre en ce moment le sixième album de High Tone qui sortira en mars 2014. « Le Triomphe du Chaos » (Irfan Le Label) - sortie le 2 octobre - L’album sort aussi en format vinyl accompagné d’un livret de dessins Les musiciens maliens qui ont participé à l’album : Cheick Dialo (flûte) Madou « Sidiki » Diabaté (kora…son père n’est autre que Sidiki Diabaté considéré comme le roi de la kora) Fatim Kouyaté Chick Sirima Samba Diabaté (guitare) Mais aussi Fodé Kouyaté et Lamine Tounkara pour les prises de batterie et de dumdum et Assaba Dramé

Source: http://culturebox.francetvinfo.fr/

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