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La Pop Thaïlandaise est Universelle



La guerre du Vietnam, le rock et la musique comme outil d’hégémonie culturelle. Un peu de contexte géopolitique avant les chansons. Pendant les sixties, les Etats-Unis ont utilisé la Thaïlande comme base arrière pour préparer le nuage de napalm qui a renvoyé le Vietnam à l’âge préhistorique.

Une fois partis, les Américains ont laissé des mauvais souvenirs, sûrement, et quelques vestiges culturels. Les Thaïlandais n’ont pas épousé le baseball comme les Japonais, mais comme leurs voisins du nord ils se sont réappropriés la musique pop de l’époque, ramassant les disques que les soldats GIs avaient laissé traîner.


Le résultat, c’est une de ces fameuses mutations sonores qui font fantasmer quand on conçoit la musique comme une chose vivante, le reflet précis d’un moment dans l’espace-temps. Avec ce disque – Siamese Soul : Thai Pop Spectacular vol. 2– on aperçoit un bout culturel de la Thaïlande de 1960 à 1980, des gosses ultra-bien sappés qui imitaient tellement bien ce qu’ils n’avaient jamais connu, inventant accidentellement des sons incroyables.

Le surf rock et des anomalies funky sous la saison des pluies, le Swinging London dans la jungle. Le doo-wop comme arme culturel pour certains, mais le doo-wop surtout comme un outil à apprivoiser et à utiliser pour façonner son avenir. Ne parlant pas couramment le thaï, je ne peux que deviner les significations lourdes qui se cachent dans cette B.O. d’un James Bond perdu dans les limbes, en sachant pertinemment que ce sera faux. Mais j’ai quelques pistes. Je sais que Bong Ja Bong parle de l’amour qu’on porte à son bong (le mot vient du thaï baung) quand on a ni copine ni argent. Je sais qu’une des paroles de Ha Fang Kheng Kan est « C’est fini. Voyons qui de nous deux trouvera un nouveau partenaire le premier ». Je sais que Fon Tok Leaw veut dire « La pluie est là, mais tu n’es pas revenu comme promis ».


On saisit vite l’universel quand on y est confronté, les intentions sautent aux oreilles. Quand les mots n’ont plus d’utilité, on se raccroche aux sensations qui se dessinent. L’utilité d’un bong, les dessous d’une séparation et le bruit de la pluie quand on est seul sont les mêmes dans toutes les langues.

Auteur: Luc Vino

Source: http://music.blog.lemonde.fr/category/musique-du-monde/

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