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Bachar Mar-Khalifé, un chanteur en voix de guérison



Issu d'une famille de musiciens réputée, le Franco-Libanais a mis dix ans à trouver sa voix, mettant ainsi fin à un long exil.

De son père, Marcel Khalifé, icône de la chanson arabe au Moyen-Orient, il a le charisme vocal et la fibre romantique. Avec son frère aîné, le pianiste Rami Khalifé (du duo Aufgang), il partage le bagage académique et les penchants électro. Bachar Mar-Khalifé, 32 ans, débride enfin sa belle voix grave et explose sur un troisième album nourri de ballades poignantes, de piano technoïde et de lyrisme oriental : un mélange galvanisant qui témoigne autant de sa culture franco-libanaise que du refus de se laisser enfermer dans les clichés.

Son titre ? Ya Balad, "Au pays" en arabe. "Ce pays (le Liban), je ne veux pas le nommer, pour mieux laisser la poésie l'emporter sur la réalité, explique le musicien. Je m'adresse à quelque chose qu'on a perdu : Ya Balad, c'est Utopia, mon pays de souvenirs et de rêves, quelque chose qui n'existe pas, que j'aime, que je déteste, que je détruis, où chacun peut trouver un écho à son propre exil."

- Bachar Mar-Khalifé - Lemon -


Lui-même refuse d'être "défini" par le sien : celui d'un enfant de Beyrouth exilé à Paris avec sa famille à l'âge de 6 ans, "une histoire dont on est obligé de faire une richesse".Quand ses parents rentrent vivre au Liban, lui reste à Paris, où il étudie le piano avec son frère au conservatoire, puis la percussion. Marcel Khalifé, qui fait tourner ses fils dans sa formation, le verrait bien chef d'orchestre. Mais Bachar se cherche encore, prend son temps, explore toutes les directions. Il chemine avec l'Orchestre national de France et l'Ensemble intercontemporain. Fusionne à l'est, avec Balval (chants roms) et des jazzmen comme le Bulgare Theodosii Spassov et le Serbe Bojan Z. Découvre l'électro à l'Ouest, avec le pianiste Francesco Tristano, rencontré à la Julliard School de New York, et Carl Craig.

- Bachar Mar-Khalifé - Deezer Session -


Il lui faudra dix ans pour trouver sa voix, inspiré non par son père, mais par sa mère. Ancienne choriste dans l'orchestre paternel, Yolla Khalifé est revenue à la musique après avoir élevé ses enfants. "Quand elle chante, c'est joyeux, décomplexé, tout sauf académique. Moi, j'avais toutes ces chansons dans ma tête mais, en pur produit du conservatoire, il me fallait envisager de faire la seule chose que je ne savais pas faire. A un moment, j'ai senti que j'allais exploser..."

En 2010, Bachar Mar-Khalifé sort enfin son premier disque en solo chez InFiné, le même label que celui de son frère. Il renoue alors avec le piano, son instrument le plus "intime", mais peine encore à s'ouvrir en public. Depuis, il a pris goût à la scène, où chanter reste "autant un plaisir qu'une souffrance", tant il donne de lui-même. Son engagement de "révolté contre l'injustice" affleure dans son répertoire, comme quand il reprend, sur son deuxième album, un hymne anti-Bachar al-Assad du poète syrien Ibrahim Qashoush, retrouvé mort, les cordes vocales arrachées. "Cette violence m'a bouleversé, mais je ne suis pas un porte-drapeau. En tant qu'homme, je suis solidaire, en tant que musicien, je rends simplement hommage à la révolution intime." Exilé "apaisé" , Bachar Mar-Khalifé n'a "pas de flambeau à reprendre", mais son feu intérieur couve, ardent.


Source :

www.telerama.fr

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