Le chanteur et flûtiste originaire du Burkina Faso, Simon Winse, installé en France depuis quelques années, se produit régulièrement sur la scène parisienne avec son groupe Dagada (La joie). Alors que beaucoup de musiciens ont délaissé les instruments traditionnels africains, le jeune homme de 30 ans a décidé, lui, de les perpétuer, les introduisant dans sa musique qui mêle sonorités traditionnelles burkinabè et contemporaines. Il a également pour projet de créer un centre culturel dans son village pour apprendre aux plus jeunes à jouer ces instruments en voie de disparition, qu’il et considère comme un patrimoine culturel qu’il faut à tout prix préserver. Rencontre.
« Bienvenue chez moi ! », s’exclame Simon, arborant fièrement ses locks. Il dégage d’emblée une grande force due sans doute à sa joie de vivre. A l’intérieur du salon de son appartement, dans le 20ème arrondissement, on peut apercevoir de nombreux instruments de musique qui semblent décorer la pièce. « Patientez quelques instants, je vais vous faire une présentation des instruments traditionnels que je joue », propose-t-il. Il commence par montrer ses différentes flûtes, sans compter le n’goni, et d’autres qui ont tendance aujourd’hui à disparaître du paysage musical africain. C’est justement le combat de Simon, chanteur et multi-instrumentalistes traditionnels, originaire du Burkina Faso, installé en France après y avoir trouvé sa dulcinée avec laquelle il a eu une petite fille.
« Aujourd’hui, de nombreux artistes en Afrique ont délaissé les instruments traditionnels, car ils estiment qu’ils sont ringards et d’une autre époque. Pourtant, ces instruments font partie de notre patrimoine culturel. Si on les abandonne, on perdra une partie de notre richesse culturelle », affirme Simon qui devient tout d’un coup très grave. Celui qui parle toujours d’une voix qui porte, de façon énergique, allie ses paroles à des actes. Lorsqu’il se produit sur les scènes parisiennes, il n’hésite, en effet, pas à introduire la flûte peulh ou encore le n’goni dans sa musique qui mêle sonorités traditionnelles et modernes. Une façon de les faire découvrir aussi au public français. Sa voix grave, puissante, qui ne fait qu’un avec sa musique, qui revient aux sources de l’Afrique, tout en étant ouverte à la fois, ne laisse jamais le public indifférent.
Projet de création d’un centre culturel au village
Simon, qui est en préparation de son premier album, a aussi pour objectif de créer un centre culturel dans son village natal pour transmettre à la jeune génération la façon dont on joue de ces instruments, qui « pourraient disparaître dans les années à venir si on ne fait rien », prévient-il. « Ce centre serait en quelque sorte une école de musique qui permettrait aux jeunes non seulement d’apprendre beaucoup de choses mais aussi d’échanger et de se rencontrer. C’est une façon de perpétuer les instruments traditionnels », explique-t-il. Pour atteindre ce but, « il faut revenir aux sources de la musique africaine », estime l’artiste. Pour lui, « l’Afrique a aussi beaucoup à offrir culturellement et les Africains doivent en être conscients pleinement et valoriser toutes ces traditions qui se perdent aujourd’hui au profit de la modernité ».
Il faut dire que la musique a toujours fait partie de sa vie. Il est lui-même né d’une famille de musiciens puisque son père était flûtiste et son grand-frère est aussi connu jusqu’en Europe pour la pratique de cet art. Simon a pris très tôt goût à la musique. Etant enfant, il accompagnait régulièrement son père lors de la fête des masques, où les sonorités des instruments traditionnels résonnaient partout. Il a commencé aussi très tôt à fabriquer des instruments. Il accompagnait aussi souvent un berger peulh qui promenait son troupeau dans le village, en jouant de la flûte. Ce dernier lui a finalement appris à jouer cet instrument.
En 2000, sa vie change. Il quitte son village pour s’installer avec son grand-frère dans la capitale burkinabè, Ouagadougou, enchaînant les spectacles avec son aîné. A partir de ce moment, Simon accompagne aussi souvent son grand-frère, qui se produit régulièrement en France, notamment. Alors que son aîné rentre au Burkina Faso, lui décide finalement de rester à Paris pour de bon, enchaînant les spectacles avec son groupe Dagada (La joie).
Depuis, il s’est fait son public. Désormais, le jeune homme, qui rêve nuit et jour de créer son centre culturel au village, travaille en attendant son premier album. Séduit par le jeune artiste, Cheikh Tidiane Seck, véritable baobab dans la musique africaine, qui arrange les sonorités de grands artistes comme Youssou Ndour ou encore Salif Keita, l’a déjà pris sous son aile. Ça promet....
PAR ASSANATOU BALDÉ ; Source: http://www.afrik.com
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