Conditionné par l’actualité et son caractère tragique, le cinquième album du Centrafricain Bibi Tanga, intitulé Now n’est pas pour autant, qu’une œuvre de circonstances. Ni un simple album d’afro-funk. Par delà les mots et les étiquettes, le bassiste-chanteur né à Bangui et installé en France, parvient à canaliser ses influences pour mieux les exprimer.
Resserré, brut et centré sur l’essentiel, le reggae qui coule dans les veines de Calling, en ouverture de ce cinquième album, a le goût des bonnes surprises, celles qui s’inscrivent dans une forme de logique naturelle et non de rupture. "Je ne comprenais pas pourquoi le reggae n’avait pas encore fait son apparition dans ma musique. J’avais tout tenté pour que ça sorte, mais je n’y étais jamais arrivé", assure même Bibi Tanga. Lui qui a beaucoup écouté Curtis Mayfield comprend bien ce que Bob Marley y a aussi trouvé.
S’il estime que les ingrédients de base de sa musique n’ont pas changé en quatorze ans, depuis ses débuts discographiques avec le CD Le Vent qui souffle, il a entretemps, trouvé le bon filtre, afin de faire entendre "de façon plus affirmée" ses influences : la musique africaine, le rock, la pop, la new wave et bien sûr le funk, auquel on rattache ce cousin proche de la Malka Family – dont quelques-uns des membres forment avec lui le groupe des Gréements de fortune, entendu en live sur le plateau de l’émission Salut les Terriens ! de Thierry Ardisson chaque samedi.
Pour ce nouveau projet, le changement est également à chercher dans l’équipe autour du bassiste-chanteur : les habituels Sélénites, parmi lesquels l’emblématique Professeur inlassable, ont disparu, à l’exception (heureuse) du guitariste Rico "Adiko" Kerridge, complice de longue date. Le résultat est davantage "une histoire d’instrumentistes, avec un travail en studio à l’ancienne qui reprend sa place, un ingénieur du son qui refait partie du groupe", confie Bibi Tanga.
L’actualité, dramatique, a rejoint ses préoccupations récurrentes au sujet de son pays, la Centrafrique, et en particulier le problème des armes qui se sont répandues, abordé à travers Ngombe. Pour ce morceau, qui démarre au son d’échanges de tirs nourris, il s’est appuyé sur "l’état de crainte et de peur" qu’il y avait dans la voix de tous les membres de sa famille, chaque fois qu’il les joignait au téléphone. Un climat pesant auquel le groove de l’afrobeat donne un prolongement musical efficace.
Source: http://musique.rfi.fr/
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